109) Des goûts et des couleurs…



autoportrait,photo
Photo © Eric Itschert


Je veux une peinture aux contours nets, à la touche de pinceau s'effaçant devant le sujet… 



Je suis ouvert à toutes formes de peintures, sans exclusive. Pour autant que la démarche soit authentique, sans dogmatisme ni aucune concession face aux modes.


Quant à moi, je veux construire ma peinture de manière progressive, calculée, caressée, amoureuse. Je veux une peinture aux contours nets, à la touche de pinceau s'effaçant devant le sujet. Cette subtilité se retrouve en cuisine, elle est un 'must': quand un plat est bien préparé, aucun ingrédient ne doit dominer, dans un plat particulièrement subtil la saveur de chaque composante doit s'effacer pour créer un goût nouveau qui est plus que la résultante de la somme de toutes les saveurs.


Le monde de la peinture est parfois comme un monde sans épices: quand on en trouve une, on la met en exergue. Et de s'émerveiller devant les coups de pinceaux visibles, devant la 'virtuosité' et le peu de technique d'autant plus prévisible et étalée qu'elle est pauvre… Regardez la peinture expressionniste : on dirait un ragoût indigeste avec trop d'ail ! 



Peindre c'est comme faire l'amour… 



Pour moi, peindre c'est comme œuvrer en Alchimie, c'est comme faire l'amour. Mais il est difficile d'échapper aux poncifs : combien de peintres ne se réclament pas de l'Alchimie alors qu'ils n'ont même pas connaissance de la chimie de leur propre peinture!


Le temps se venge sur ce qui se fait sans lui et c'est pour cela que je produis lentement. Nous vivons dans un monde de formes reconnaissables et visibles, et c'est pour cette raison que j’utilise la figuration pour communiquer. Le mythe est une fiction qui exprime certaines vérités qui ne peuvent s'appréhender autrement et c'est pour cette raison que je puise dans le classicisme. La peinture est liée au fait d'être en vie et c'est pour cela que j’aime tant représenter l'être humain.


Enfin, le désir et l'imaginaire marchent ensemble mais cela aussi est difficile à comprendre dans un monde de l'art aseptisé et téléguidé où les clés de l'imaginaire se sont si souvent perdues… Ne parlons même pas du non-art conceptuel 'contemporain' vieux d'un siècle maintenant. C’est au-delà du miroir que je veux regarder, et aucune mode ni aucun dogme culturel ne m’en empêchera !!!


Je veux emprunter des chemins que personne ne fréquente, et plus qu'à tout je tiens à ma liberté de pensée. "Ne crois en rien si ce n'est en ce que tu auras d'abord éprouvé par toi-même" est une de mes devises préférées.



Personne n’est vierge d’influences... 



Personne n’est vierge d’influences, nous nous construisons tous grâce aux autres. Rien n'est plus absurde et plus prétentieux, rien n'est une plus grande imposture que de prétendre qu'on peut partir "ab nihilo". Les autres nous sont nécessaires pour nous apprendre les chemins. Le tout est de réinventer de nouveaux chemins ensuite, car celui qui marche sur les pas d'un autre ne laisse pas de traces.


Un des peintres contemporains que j'admire le plus est David Hocney. Je le considère comme un de mes seuls maîtres, son influence est décisive non seulement dans le monde de la peinture mais aussi dans celui de la photo. Ses piscines sont superbes, sauf quand il les représente comme des plats de spaghettis. Son travail de recherche et d’analyse est remarquable.


J'ai grandi avec des livres que j'aimais feuilleter sur Paul Delvaux et sur René Magritte. L'inculture des gens est si grande que lorsque vous avez le malheur de peindre une maison la nuit on vous ressert "tiens on dirait un Magritte" alors que Magritte est lui-même héritier de peintres plus anciens tel que Spilliaert, Fernand Khnopff ou Degouve de Nuncques. Quand à De Chirico, son influence quasi hypnotique continue à agir... J'aime les Symbolistes (qui connaît encore Arnold Böcklin?). Pour le reste j'apprécie ceux qui ont œuvré en dehors des modes: Balthus est fascinant. Mais contrairement aux légendes sa technique à l'huile n'est pas au point pour résister au temps. Il est né à une époque où le chemin de la belle technique était déjà perdu. J'aime des peintres naturalistes tels que Henry Scott Tuke ou Edward Hopper



Et si je devais remonter dans le temps… 



J’aurais aimé faire connaissance avec les peintres Jan Van Eyck, Piero della Francesca, Leonardo da Vinci et Le Caravage. Ce dernier est le premier peintre naturaliste!



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