129) Données techniques

Archives, 05/04/2010


Peinture à l'huile et couleurs. 


Le cœur de mon travail est la peinture à l'huile. Pas n'importe quelle peinture à l'huile, mais celle que très peu de personnes connaissent encore, celle utilisant des techniques d'avant l'impressionnisme. 


"Peut-être que d'autres ne voient pas les mêmes couleurs que moi..."


Si je montre quelques œuvres sur Internet, il est absolument impossible de se faire une idée de l'aspect réel de mes tableaux sans les avoir vus en vrai. Avez-vous déjà observé le bleu inimitable des gentianes dans les Alpes ? Ou le rouge profond de certaines roses ? Si c'est le cas vous comprenez l'impossibilité de reproduire en photo certaines couleurs. Il en est de même pour les couleurs de mes tableaux à l'huile, « inreproductibles ». Mon travail doit être vu en galerie pour pouvoir être perçu dans sa véritable nature. Il n'est donc pas souhaitable de le vendre par Internet. 





Bien qu'un livre entier ne permettrait pas d'expliquer ma technique, il y a quelques notions de base que je voudrais partager avec vous. 



Écueils de la peinture à l'huile depuis l'impressionnisme.



Les dernières grandes évolutions dans la peinture sont l'invention de nouveaux pigments minéraux stables (cadmium, titane, outremer...), de pigments organiques (naturels ou synthétiques) stables et moins stables, de l'industrialisation de la fabrication de la peinture, et du tube métallique pour conserver et vendre la peinture. 


Ces évolutions présentent de grands AVANTAGES ; Beaucoup de nouveaux pigments sont fiables, ils permettent de remplacer des pigments à haute toxicité ou à prix élevé, ils présentent une possibilité infinie de nouvelles couleurs. Les peintures en tubes métalliques permettent à l'artiste de faire l'économie de la fabrication de ses couleurs, de peindre en pleine nature et donc de se libérer de l'atelier, et de gagner en spontanéité. 


Mais pour le peintre imprudent ou sans connaissances techniques, ces évolutions présentent aussi des INCONVÉNIENTS majeurs, désastreux pour la conservation de leurs œuvres. Citons-en quelques-uns à titre d'exemples: 
  • l'emploi de fonds exagérément absorbants ou carrément la suppression des fonds. Une toile peinte sans fond est rapidement rongée par l'acidité de la peinture. 
  • l'utilisation des couleurs telles qu'elles sortent du tube, les mélanges étant réalisés en direct sur la palette. Or les fabricants de couleurs mélangent les pigments avec de l'huile crue, celle-ci beaucoup plus fragile et moins durable que les huiles cuites. Cela permet de conserver les couleurs presque indéfiniment dans les tubes sans qu'elles sèchent. 
  • l'usage de la peinture en grosses épaisseurs 
  • l'usage abondant d'un diluant volatil et maigre de type essence 
  • la suppression du vernis final ou le non-respect du délai de séchage avant le vernissage. 

Tous ces usages absurdes proviennent entre autres de l'idée de réaliser des peintures à l'aspect mat. Or, la peinture à l'huile est par nature satinée. En vieillissant ces peintures mates deviennent poreuses, cassantes, voire carrément pulvérulentes. Une fois poreuses et sans vernis pour les protéger de la pollution de l'air ambiant (souffre e.a.) certaines couleurs minérales virent (noircissent e.a.) d'autant plus que les peintres actuels mélangent n'importe quels pigments entre eux.


Ils ne connaissent plus les précautions d'usage à prendre pour les couleurs minérales chimiquement incompatibles (exemple : oxydes de fer et cadmiums mal affinés). Ces précautions dataient de la peinture à tempera et ont perdurées dans la peinture à l'huile: il valait mieux superposer certains pigments (peinture en plusieurs couches) que de les mélanger. Mais pour un peintre impressionniste qui peint une pochade en pleine nature c'est évidemment impossible...


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Peinture à tempera: incompatibilité entre certains pigments minéraux, © Eric Itschert



La poussière s'accroche aux peintures avec relief, elle s'introduit enfin dans la peinture même. Les moisissures y trouvent un terrain favorable. Qu'est-ce qu'il reste des admirables peintures impressionnistes, des étonnantes œuvres cubistes ? De beaux restes au mieux, des épaves au pire! Seuls les Van Gogh et les Gauguin sauvent leur mise pour des raisons trop longues à expliquer ici. 


Le plus comique est que des galeristes et des critiques d'art contemporains continuent à croire dur comme fer qu'une bonne peinture à l'huile doit être mate, avec des épaisseurs et des reliefs, des contours flous et fondus. Dans les rares académies belges où l'on (dés)enseigne encore la peinture à l'huile, les mêmes mauvais usages sont rois. Ajoutons que pour des raisons de commodité (toxicité quasi nulle et prix moindre) on va utiliser de plus en plus de peintures avec des pigments de type organique, pas toujours stables à la lumière. 


L'ajout par le fabricant de compléments de remplissage (hydrate d'aluminium p.e.) aux couleurs pour les rendre plus malléables permet de remplir les tubes à la machine. Ce dernier usage réduit encore d'autant l'intensité des pigments (voir dessin ci-bas) 



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A gauche sur le dessin la densité de cadmium dans un tube de peinture rempli industriellement,
à droite la densité du même pigment dans un tube rempli manuellement
(peintures à l'huile « Oud Holland »)


Tant qu'à faire, il aurait bien mieux valu que tous ces peintres aient connu la peinture acrylique. Malheureusement ils sont nés trop tôt...


Ma peinture, elle, échappe à tous ces écueils...



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